SINO-SOVIÉTIQUES (HISTOIRE DES RELATIONS)

SINO-SOVIÉTIQUES (HISTOIRE DES RELATIONS)
SINO-SOVIÉTIQUES (HISTOIRE DES RELATIONS)

L’histoire des relations sino-soviétiques est indissociablement liée à celle des relations entre la Russie tsariste et la Chine impériale. Le contentieux territorial qui a surgi au cours des années 1960 est le fruit d’une lente évolution dont l’origine se trouve dans la situation géographique des deux pays qui ont en commun la plus longue frontière du monde.

Pour les États d’Europe occidentale ouverts sur les océans, l’objectif essentiel fut de tirer le maximum de privilèges de leurs relations avec la Chine, en particulier par le commerce; ainsi la guerre de l’Opium eut pour effet d’ouvrir de nombreux ports, d’établir des légations et des concessions. Pour la Russie, le dessein était assez différent. Au-delà des préoccupations commerciales, la nécessité de disposer sur leurs côtes orientales d’un port libre de glaces toute l’année conduisit les tsars à rechercher, par des acquisitions territoriales, une extension de leur pays vers l’est et le sud. La guerre de l’Opium affaiblit le gouvernement mandchou au point de le mettre en condition de ratifier l’occupation tsariste de vastes territoires situés au nord et à l’est de la Mandchourie.

La proclamation, en 1949, de la République populaire de Chine élimina les problèmes politiques et les empiétements sur la souveraineté chinoise issus de la présence occidentale. En revanche, la Russie, devenue entre-temps l’U.R.S.S., demeurait l’éternel voisin. La similitude de régime politique a pu, pendant quelques années, masquer les problèmes territoriaux. Mais elle n’a joué ce rôle que dans la mesure où elle représentait provisoirement un nouveau modèle. Dès 1956, l’unité sino-soviétique s’est brisée. L’opposition idéologique s’est rapidement muée en un affrontement où le contentieux séculaire fit resurgir le débiteur territorial et économique, doublé d’un rival dans le mouvement communiste et face à la communauté internationale. Cette rupture plaçait la Chine au rang de puissance mondiale. Le paradoxe apparaît alors: tant que la Chine fut intégrée dans la communauté socialiste, elle demeura isolée dans la communauté internationale, mais, dès qu’elle s’est isolée de la communauté socialiste, elle s’est intégrée dans la communauté internationale.

1. Sources de désaccords

La période de l’unité

La période de l’unité entre la Chine et l’U.R.S.S. dura six ans, de 1950 à 1956. Elle eut pour cadre juridique une série de traités en deux phases successives. La première, en 1950, durant la période stalinienne, permit la conclusion d’engagements politiques: un traité d’amitié, d’alliance et d’entraide, et des accords sur la restitution de certaines bases. Des engagements économiques, créant des sociétés mixtes sino-soviétiques, furent également pris.

Après la mort de Staline, les deux pays signaient, en 1953 et 1954, une quinzaine d’accords qui resserrèrent l’alliance et conduisirent Moscou et Pékin à mener une politique unitaire. Sur le plan interne, on assistait à une certaine «russification» de la Chine, surtout dans le domaine culturel. Sur le plan international, l’U.R.S.S. soutenait les thèses du gouvernement de Pékin sur la représentation de la Chine à l’O.N.U. et son action dans la guerre de Corée. En contrepartie, Mao Zedong appuyait Khrouchtchev dans la recherche de solutions aux problèmes soulevés en Europe orientale au lendemain de la déstalinisation, en particulier par les affaires de Pologne et de Hongrie. Khrouchtchev paya le prix de ce soutien, dans le plus grand secret, en 1957: ce fut l’accord sur la fourniture aux Chinois de l’arme nucléaire.

Premières divergences

En dépit de ce geste, les germes de discorde, semés au XXe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (P.C.U.S.), se développèrent. Entre 1956 et 1961, de profondes divergences apparurent entre les deux partis communistes. Elles portaient sur trois innovations idéologiques introduites par Khrouchtchev: la coexistence pacifique, le passage pacifique au socialisme et la condamnation du culte de Staline.

Les premières controverses se manifestèrent, sous forme indirecte, à la conférence des soixante-quatre partis communistes en 1957. Les Soviétiques s’en prenaient aux Albanais, alliés de Pékin, et les Chinois aux Yougoslaves, avec lesquels l’U.R.S.S. normalisait ses relations. Le lancement du «grand bond en avant» et des communes populaires chinoises, assorti d’un durcissement de la politique extérieure du Parti communiste chinois (P.C.C.), accentua les divergences; à la même époque, Khrouchtchev mettait en œuvre sa politique de coexistence pacifique en rencontrant le président Eisenhower à Camp David. La Conférence des quatre-vingt-un partis communistes en 1960 fut impuissante à rétablir l’unité.

Au XXIe congrès du P.C.U.S., Zhou Enlai prit ouvertement la défense de l’Albanie et refusa la deuxième phase de déstalinisation en déposant ostensiblement une gerbe de fleurs au pied de la momie de Staline, dans le mausolée de la place Rouge, quelques jours avant que celle-ci ne soit transférée dans un lieu moins solennel.

Le conflit

En 1962 et 1963, les masques étaient jetés. La multiplication des éditoriaux ne cachait plus les destinataires, le 15 juin 1963 et le P.C.C. publiait la Lettre en vingt-cinq points dans laquelle il résumait l’ensemble des thèses chinoises sur les problèmes du mouvement communiste international. L’année suivante, ayant échoué dans sa tentative pour réunir une conférence mondiale, destinée à «excommunier» Pékin, Khrouchtchev démissionnait de toutes ses fonctions. Le répit qui suivit cette démission fut de courte durée. Les premiers incidents diplomatiques, doublant le conflit idéologique, se multiplièrent avec la révolution culturelle chinoise. En 1969, de graves combats eurent lieu aux frontières, entraînant les deux États au bord de la guerre.

Désormais, les deux grands du communisme sont opposés sur presque tous les grands problèmes du monde contemporain: Tchécoslovaquie en 1968, Vietnam en 1969-1970 et 1979, Pakistan en 1971-1972, Afghanistan depuis 1979-1980, Pologne en 1981-1984, Angola, Zaïre, Kampuchéa, etc. À propos de tous les grands débats sur le désarmement, à l’O.N.U., les divergences idéologiques ont exprimé un conflit entre États.

2. Opposition idéologique

Sur le plan interne, la politique du mouvement communiste international définit les modes de passage au socialisme et les rythmes de la construction du communisme. Elle recherche également les dangers qui guettent les partis dans l’exercice du pouvoir.

Sur le plan international, elle précise les formes que doivent revêtir les relations entre États à structures économiques différentes. L’opposition sino-soviétique intéresse donc les divers aspects de cette politique.

Conceptions de la révolution

Dès l’origine, la doctrine marxiste-léniniste a hésité entre la violence et la légalité comme forme de la révolution prolétarienne.

Dans la pratique, Lénine a essayé de suivre la voie pacifique en Russie au mois d’avril 1917. Mais ces Thèses d’avril ont été abandonnées en juillet, après la répression gouvernementale, et Lénine s’est engagé dans la voie «la plus douloureuse». Staline confirma ce point de vue qui demeura la théorie officielle du mouvement communiste mondial jusqu’en février 1956, date à laquelle Khrouchtchev est revenu à la première idée de Lénine selon laquelle le passage pacifique au socialisme, s’il est rare, n’est pas exclu. Les fondements d’un tel passage se trouvent, selon Khrouchtchev, dans la diversité des perspectives révolutionnaires qui s’ouvrent aux peuples des pays occidentaux et du Tiers Monde. Une telle forme de révolution présente de multiples avantages pour ceux qui la pratiquent, notamment celui de recevoir l’appareil de production intact des mains de la bourgeoisie et d’éviter toute effusion de sang inutile. De plus, la situation mondiale a changé. Les forces du socialisme ont grandi considérablement et assurent les mouvements révolutionnaires d’un appui solide contre la réaction capitaliste. Dans les pays socialistes, le capitalisme monopoliste d’État , nouvelle forme d’organisation économique et politique, met en œuvre une exploitation qui atteint progressivement la plupart des couches sociales de la nation. L’élargissement du prolétariat qui s’ensuit provoque un accroissement de la force populaire aspirant à la prise du pouvoir.

Les modalités proposées par Moscou pour ce passage pacifique accordent une place privilégiée à la voie parlementaire, particulièrement adaptée. Mais cette conquête de la majorité parlementaire ne peut avoir d’effet qu’avec l’appui du mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière, agissant hors du Parlement et en liaison avec lui. Les partis communistes doivent alors accorder une grande attention à la collaboration avec d’autres formations politiques démocrates et socialistes.

À l’opposé de cette thèse, le Parti communiste chinois estime que la nature du Parlement en régime capitaliste ne doit pas faire illusion. Les décisions se prennent dans les ministères, les chancelleries, les états-majors, hors du Parlement. De plus, on ne saurait faire de la voie parlementaire une modalité fondamentale du passage au socialisme, car la moitié environ des partis communistes des pays capitalistes sont interdits, donc incapables de participer à une consultation électorale. Le Parlement ne saurait jouer tout au plus qu’un rôle de tribune, où les élus du prolétariat pourront exercer une certaine propagande en vue d’éduquer les masses populaires.

Pour le P.C.C., la révolution pacifique n’est pas viable. Aucune expérience révolutionnaire dans l’histoire n’a encore conduit au socialisme sans violence. Celle-ci est inéluctable, et les peuples du monde doivent s’y préparer. Les révisionnistes qui la refusent négligent le rôle fondamental des mouvements de libération nationale, nouvelle force révolutionnaire apparue pour supplanter la classe ouvrière dans la direction révolutionnaire de la planète.

Selon Mao Zedong, le «foyer des contradictions» s’est en effet déplacé. Les contradictions qui opposent la politique pratiquée par l’impérialisme américain aux peuples opprimés constituent le point de convergence des contradictions dans le monde après la Seconde Guerre mondiale. Dès lors, la tâche fondamentale est d’appuyer les luttes révolutionnaires des nations et des peuples opprimés qui jouent un rôle décisif pour l’ensemble de la cause du prolétariat mondial. Les Chinois fondent leur démonstration sur un raisonnement emprunté à la stratégie militaire de Mao Zedong. Celui-ci insiste en effet sur l’importance de l’établissement de bases révolutionnaires dans les régions rurales et l’encerclement des villes à partir de la campagne. Or, si l’on examine la situation mondiale actuelle, l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale peuvent être tenues pour les «villes» et l’Asie, l’Afrique, l’Amérique latine pour la «campagne». Afin d’obtenir le succès dans cet encerclement, la technique préconisée par Pékin est la guerre populaire, qui suppose la lutte armée et la mobilisation des masses aidées provisoirement par la bourgeoisie nationale.

Cet exposé paraît erroné aux Soviétiques, pour qui la révolution mondiale est indivisible, son but étant la libération de tous les exploités. Dans ce dessein, la classe ouvrière internationale est la clé de voûte de la révolution dont le centre vital n’a pas varié. Il comprend le système socialiste et la classe ouvrière des pays capitalistes dont la conscience de classe est le plus affirmée, et qui dispose de puissantes organisations. Le mouvement de libération nationale demeure tributaire de la classe ouvrière. S’il a pu obtenir des succès, c’est grâce à l’appui des pays socialistes et des partis communistes des pays occidentaux.

La société socialiste

Si Chinois et Soviétiques acceptent dans les mêmes termes la nécessité de la dictature du prolétariat, ils se séparent quant à sa durée.

Pour le P.C.U.S, la dictature du prolétariat est provisoire, limitée à la période de construction du socialisme. En U.R.S.S., quelques années après la révolution, les classes antagonistes (prolétariat et bourgeoisie) ont disparu, et seules demeurent en place des classes «amies», les ouvriers et les paysans. Dès lors, la domination de la majorité prolétarienne sur la minorité bourgeoise n’est plus nécessaire. Cette mutation sociale a eu lieu vers 1935. Certes, l’appareil d’État, conçu pour promouvoir la dictature, demeurera en place. Staline justifiait son maintien pour des raisons de politique extérieure, notamment par l’encerclement capitaliste.

Selon la thèse chinoise, la lutte des classes existe toujours en société socialiste. Dès 1957, Mao Zedong reconnaît qu’il existe encore des contre-révolutionnaires et qu’il est nécessaire de poursuivre la lutte contre eux. Sur cette base, en 1963, les Chinois réfutent la thèse soviétique en montrant que Staline s’est trompé et que les contradictions de classes au sein du peuple russe n’ont pas toutes été éliminées. Ils accusent Khrouchtchev et ses successeurs d’avoir favorisé la renaissance de la bourgeoisie capitaliste en U.R.S.S. Ils citent de multiples exemples de responsables d’entreprises d’État qui ont amassé des fortunes importantes en créant des ateliers clandestins ou en falsifiant les chiffres de production. Pour éviter que le capitalisme l’emporte, les Chinois estiment que la révolution doit être ininterrompue. Bien qu’ils se défient de tout trotskisme, ils développent une thèse voisine de celle de la «révolution permanente». La campagne du «grand bond en avant» lancée en 1958 en est la première expression, mais son contenu politique n’est pas aussi précis que la révolution culturelle lancée en novembre 1965. Celle-ci, déclenchée et dirigée par Mao Zedong dans les conditions de la dictature du prolétariat, est destinée à écraser le révisionnisme et à reprendre à la bourgeoisie et à Liu Shaoqi le pouvoir qu’ils avaient usurpé.

Une telle révolution n’a, pour Moscou, aucun rapport avec la dictature du prolétariat. Elle poursuit la liquidation politique des opposants à Mao Zedong qui avaient critiqué la politique de 1958, dont les effets avaient conduit la Chine au bord de la famine. Selon le P.C.U.S., la dictature qui sévit en Chine entre 1965 et 1969 est antimarxiste et fondée sur le dogme de l’infaillibilité de Mao Zedong. Elle ne respecterait pas le principe fondamental du centralisme démocratique , le parti n’étant plus en mesure d’assurer la participation des militants à la direction des affaires publiques. Elle a dépouillé le parti de son pouvoir au profit des «gardes rouges», de l’armée et de la police. Cette étape n’est qu’une dégradation du régime socialiste. Elle ne prépare pas le dépérissement de l’État, phase ultime du devenir social, officiellement ajournée en U.R.S.S., mais dont les Soviétiques n’ont pas abandonné les objectifs économiques (selon Marx: «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins»).

Pour atteindre cette société d’abondance deux voies ont été proposées: la voie soviétique passe par «l’État du peuple tout entier», la voie chinoise par les communes populaires. L’objectif principal de «l’État du peuple tout entier» est, en 1961, la création «au cours des deux décennies à venir de la base matérielle et technique du communisme». En vingt ans, le volume de la production industrielle doit être multiplié par 6 et celui de la production agricole par 3,5. Sur le plan institutionnel, la préparation de la société autogérée consiste en un accroissement de la démocratie directe, de la décentralisation et de la déconcentration du pouvoir, le parti communiste devant, par sa composition, représenter plus fidèlement la société et participer, comme les organisations sociales, à l’autogestion. La critique chinoise de «l’État du peuple tout entier» prolonge la thèse sur la permanence de la lutte des classes en milieu socialiste. L’expression même est condamnable, car l’État est toujours l’instrument d’une classe. Il ne peut être celui de tout le peuple. Il camoufle, en U.R.S.S., la domination de «la clique des renégats révisionnistes soviétiques». Le communisme ne se construit pas de cette manière. Pékin a annoncé au monde une recette spécifiquement chinoise: les communes populaires. Elles seules ont atteint un haut niveau d’autogestion. Au moment de leur lancement, le communisme ne devait pas être très éloigné, mais les Chinois reconnaissent aujourd’hui que la tâche sera encore longue. Pourtant, ils ne désavouent pas le modèle de 1958, tout au plus tempèrent-ils sa généralisation, que les Soviétiques avaient qualifiée de trop hâtive et considéraient comme ne respectant pas les lois historiques.

Le stalinisme

La déstalinisation fut déclenchée par le rapport secret présenté par Khrouchtchev, le 24 février 1956, devant le XXe congrès du P.C.U.S. Le rapport condamnait d’abord Staline en raison de son caractère – dont Lénine, dès 1924, avait révélé la grossièreté et la brutalité. Ensuite, en raison de l’ampleur de ses pouvoirs, qui l’entraînait à violer la légalité socialiste et les principes de la direction collective. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il avait refusé de réunir le Congrès pendant plus de sept ans et décidé de tout sans consulter les membres du Comité central ou du Bureau politique. Le culte du chef supposait la falsification de l’historiographie soviétique, notamment en ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale. Staline avait commis des fautes importantes dans sa préparation et dans sa conduite. De la victoire acquise grâce aux efforts du peuple encadré par de prestigieux chefs militaires, il s’était attribué seul le mérite et n’avait pas hésité à dégrader plusieurs des commandants qui avaient contribué à la défaite des nazis. Enfin, les méthodes terroristes de gouvernement inaugurées avec l’assassinat de S. M. Kostrikov, dit Kirov, en 1934 avaient régné durant toute la période stalinienne.

Les Chinois admettent également certaines erreurs de Staline. Il n’a pas compris les conditions de la révolution chinoise et a donné des directives erronées. Mais ces fautes sont mineures; il demeure un militant socialiste qui a contribué efficacement à l’édification du socalisme en U.R.S.S. Sous sa direction, les deux premiers plans quinquennaux ont réalisé l’industrialisation et la collectivisation de l’agriculture, préparant ainsi un État fort. Si des erreurs ont été commises, elles sont dues à l’inexpérience du jeune État socialiste. Seule une analyse objective permet de porter un jugement correct sur Staline; la précipitation, la condamnation globale et sans indulgence ne relèvent pas de la méthode marxiste-léniniste.

La dénonciation du stalinisme soulève une question plus générale et plus théorique, celle du culte de la personnalité et du rôle des chefs dans la lutte des classes. Nécessaire si le chef incarne l’élan révolutionnaire du prolétariat, il est condamnable s’il poursuit une politique réactionnaire et instaure son propre culte aux fins de confisquer la révolution. C’est ce qui s’est produit en Chine, disent les Soviétiques, où le culte de Mao Zedong a fait de lui «l’incarnation suprême du marxisme-léninisme». Le maoïsme est devenu en 1969 «la pensée maotsétoung».

La coexistence pacifique

À Moscou comme à Pékin, on analyse dans les mêmes termes les problèmes de la guerre et de la paix. La guerre est le produit de l’impérialisme capitaliste naturellement agressif, la paix n’étant pas pour autant impossible, vu la supériorité des forces socialistes dans le monde qui s’annonce. Dès lors, réaliser la coexistence pacifique c’est abandonner l’idée que l’un des deux systèmes (socialiste ou impérialiste) doit l’emporter, au besoin par la force. Désormais s’ouvre une compétition économique qui, entre 1970 et 1980, devrait faire passer le bloc socialiste à la première place dans la production industrielle mondiale. La lutte se poursuit donc, mais elle prend de nouvelles formes excluant la guerre mondiale.

À partir de cette conception commune de la coexistence pacifique, les deux partis communistes donnent une interprétation différente de ses modalités. Pour les Chinois, les Soviétiques veulent appliquer la coexistence aux pays en lutte contre l’impérialisme, ce qui les conduit à liquider la révolution. Pour les Soviétiques, les Chinois oublient qu’une guerre locale peut dégénérer en guerre mondiale et ils veulent construire le socialisme sur les décombres d’un conflit planétaire.

Les conséquences d’une telle divergence d’interprétation concernent la prévention et la solution des crises internationales. Dans le domaine de la prévention, les Chinois rejettent les modalités du désarmement prévues dans les traités de Moscou de 1963 et de 1968. La non-prolifération des armes nucléaires, qu’ils organisent, leur paraît une supercherie destinée à garantir le monopole des supergrands. L’entrée de la République populaire de Chine (R.P.C.) aux Nations unies, le 26 octobre 1971, n’a pas fait varier la thèse chinoise dans ce domaine. En revanche, depuis cette date, Pékin semble considérer plus favorablement la mission pacifique de l’organisation internationale. Autrefois «instrument de la collusion russo-américaine», elle est aujourd’hui une tribune d’où le gouvernement chinois peut lancer des défis aux deux supergrands tout en affirmant que la Chine ne sera jamais une superpuissance.

Quant à la solution des crises, elle est fonction des conditions de chacune d’elles et des alliances conclues par les deux parties face aux divers conflits. L’affaire de Cuba en 1962, le conflit sino-indien en 1963, le conflit du Moyen-Orient, le conflit indo-pakistanais ont été l’occasion pour les Chinois de dénoncer l’alliance réactionnaire entre Moscou et Washington; pour le conflit indo-pakistanais, la délégation chinoise au Conseil de sécurité vota contre l’U.R.S.S. en décembre 1971 pour condamner le gouvernement indien. En fait, les relations sino-soviétiques ont aussi été profondément marquées par l’opposition de deux États.

3. Contentieux et rivalité

Le débat sur la guerre et la paix sépare les deux États qui, au-delà du domaine idéologique, s’affrontent pour le contrôle de la puissance militaire ou de zones stratégiques.

La plus longue frontière commune du monde ne cesse, quant à son tracé et à son respect, de diviser les deux gouvernements, dont les relations s’aggravèrent avec la réduction brutale des relations économiques. Séparés doctrinalement et matériellement, les deux adversaires se cherchèrent alors des alliés, au sein du mouvement communiste comme auprès des pays du Tiers Monde et des pays industrialisés.

Hégémonies concurrentes

Les débats du Comité du désarmement, auxquels la Chine participe depuis 1980, révèlent les profonds conflits d’intérêt qui opposent les deux États dans de nombreuses régions de la planète et sur les instruments de la puissance.

La Chine affirme que l’U.R.S.S. mène une politique d’expansion pour élargir sa sphère d’influence. Sa force militaire est mobilisée sur trois fronts. Sur le front de l’Ouest où le pacte de Varsovie se perfectionne en vue d’une défense plus efficace de la «frontière sacrée» de la Communauté, mais aussi où l’U.R.S.S. s’efforce d’aviver les contradictions entre les États-Unis et l’Europe occidentale pour faire obstacle au déploiement de missiles à moyenne portée. Sur le front de l’Est où elle se prépare à déployer un nombre important de missiles dirigés contre la force américaine du Pacifique, contre le Japon et, bien évidemment, la Chine. Enfin, sur le front du Sud, Moscou mène à la fois une politique d’occupation et d’infiltration, en Asie, au Moyen-Orient et dans le Golfe.

À l’appui de cette affirmation, les Chinois dressent la longue liste des activités militaires extérieures de l’U.R.S.S. qui, selon eux, montrent l’ampleur et la gravité de l’expansionnisme soviétique. Ils dénoncent successivement: l’invasion directe de la Tchécoslovaquie et de l’Afghanistan; l’invasion indirecte (par pays ou mouvement interposé) de l’Angola, de la corne de l’Afrique, du Zaïre et du Kampuchéa; l’envoi de forces armées régulières, de conseillers militaires et d’autres agents (900 000 hommes au total) dans des pays d’Europe de l’Est, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, en vue de les contrôler; la prise de force de bases navales et aériennes comme Assab en Éthiopie, Aden et Sokotra au Yémen du Sud, Cam Ranh et Da Nang au Vietnam, Kompong Som au Kampuchéa, et la transformation des quatre îles du nord du Japon en bases militaires; l’intensification de la course aux armements nucléaires tactiques et stratégiques; le développement et le stockage d’une grande quantité d’armes bactériologiques et chimiques et l’utilisation de ces armes contre les peuples afghan et kampuchéan; l’envoi d’un grand nombre d’agents du K.G.B. dans de nombreux pays du monde où ils se livrent à des activités de subversion, de sabotage et d’espionnage; le déploiement d’importantes forces armées autour de la Pologne, etc. (Réponse à M. Gromyko, Beijing Information , 12 oct. 1981.)

Les Soviétiques répliquent en faisant le procès de la diplomatie et de la politique militaire chinoises. Observant leur refus de toutes les limitations d’armements stratégiques en discussion entre l’Est et l’Ouest, ils constatent que Pékin se dote progressivement d’un armement nucléaire avec pour cibles, nécessairement, les pays asiatiques dont la sécurité se trouve, du même coup, mise en péril.

Cette attitude négative est, selon Moscou, dictée par un hégémonisme qui s’exerce sur toute l’Asie du Sud et du Sud-Est et, notamment, en direction du Vietnam, de la Thaïlande, de la Birmanie, de la Malaisie et de Singapour. L’U.R.S.S. dénonce vigoureusement la politique chinoise à l’égard du Kampuchéa où, en moins de quatre ans, les «fantoches» de Pékin ont fait périr trois millions de personnes sur les sept millions de la population khmère. Or, ces crimes de génocide massif furent exécutés dans un pays où se trouvaient des dizaines de milliers de «spécialistes» et de «conseillers» chinois... (La Vie internationale , janv. 1981.)

L’agression chinoise contre le Vietnam en février-mars 1979 est le plus grave affrontement militaire indirect entre la Chine et l’U.R.S.S. Son échec a des conséquences internes et conduit à une sérieuse remise en cause des conceptions militaires de Pékin. Les Soviétiques rappellent que l’agression a causé de graves dommages matériels à l’économie des provinces frontalières du Vietnam. Les troupes chinoises ont totalement détruit les villes de Lang Son, de Caobang, de Laokai et de Kamzyong; elles ont occasionné des destructions importantes dans quinze régions sur les dix-neuf qui avaient fait l’objet de l’agression, rasé cent soixante-quatre villages sur trois cent vingt qui se trouvaient dans la zone de leurs opérations militaires et avaient été occupés.

En Asie du Sud, Moscou dénonce la politique chinoise à l’égard de l’Inde, fidèle alliée de l’U.R.S.S., et rappelle que les relations sino-indiennes se dégradèrent brutalement en 1959-1962. Pékin provoqua des affrontements armés, et, en 1962, les troupes chinoises déclenchèrent une agression d’envergure contre l’Inde. Les dirigeants chinois formulèrent alors des prétentions territoriales couvrant une superficie de 125 000 kilomètres carrés. La Chine refuse notamment de reconnaître la ligne Mac Mahon.

Depuis les années soixante, Pékin s’efforce de développer des relations privilégiées avec le Pakistan, le Népal, le Sri Lanka et le Bangladesh en vue d’opposer ces pays à l’Inde. Depuis 1979, la Chine soutient les divers mouvements qui, en Afghanistan, s’opposent à l’U.R.S.S. C’est avec l’aide de la R.P.C. que des commandos ont déclenché la lutte armée contre le pouvoir prosoviétique dans les régions de Kunar, de Nahgarkhar, de Paktia, de Kandahar, de Ghour, etc.

Plusieurs camps de formation d’unités militaires, à partir desquels des commandos ont été expédiés en Afghanistan via le Pakistan, se situent sur le territoire de la province chinoise de Sintsien.

Les Chinois ont aidé à mettre sur pied des centres de formation dans les villes pakistanaises de Chitral, de Cherat, de Kohat, de Kwette, etc. Il y avait au total en territoire pakistanais, vers le début de 1980, et selon les renseignements soviétiques, vingt camps spéciaux et cinquante points d’appui de ce genre où les résistants recevaient leur instruction, sous la direction de spécialistes chinois et américains. En 1979, 15 000 combattants au moins y ont été formés.

La guerre par personne ou peuple interposés fut longtemps le fait de l’U.R.S.S. et des États-Unis. Un troisième concurrent modifie la physionomie du jeu tout en poursuivant la partie.

Problèmes territoriaux

Le conflit territorial s’est précisé à la suite de toute une série d’incidents de frontière dont la gravité a parfois fait craindre la guerre entre les deux pays, notamment au cours de l’hiver et de l’été 1969 dans la région de l’Oussouri, dans le Xinjiang et sur le fleuve Amour.

L’annexion de territoires chinois par la Russie avait débuté, rappelons-le, avec la politique tsariste d’expansion vers le Pacifique, à la recherche d’un port libre de glaces durant toute l’année. Le bassin du fleuve Amour fut le principal objectif de cette politique. À la suite des traités de Nertchinsk (1689), de Kiakhta (1727), d’Aïgoun (1858) et de Pékin (1860), la Russie obtenait de vastes territoires situés sur le littoral du Pacifique à l’est et à l’ouest du fleuve Amour. La région du Xinjiang à l’est du lac Balkhach, de part et d’autre du fleuve Ili, fut annexée par les traités de Livadia (1879) et de Saint-Pétersbourg (1881).

Les Chinois remettent en cause la plupart de ces traités sous prétexte que ce sont des pactes léonins ou des traités inégaux imposés à la Chine par la force, notamment pour les traités d’Aïgoun et de Pékin, au moment où Anglais et Français attaquaient Tjianjin et menaçaient Pékin. D’ailleurs, après la révolution russe, l’U.R.S.S. avait, en 1924, conclu avec la Chine un traité aux termes duquel elle convenait d’annuler tous les accords passés entre le gouvernement tsariste et le gouvernement chinois. Or, ce traité n’a jamais été appliqué par Moscou qui avance des considérations historiques pour affirmer que les acquisitions territoriales russes ont reçu du temps une manière de ratification qui rend leur contestation inadmissible. Lors des incidents de 1969, sur l’Oussouri, les Chinois accusèrent les Soviétiques de «social-impérialisme» et de violation des «frontières provisoires». La lutte pour la possession de deux îles: l’île Tchempao et l’île Patcha, provoqua de violents affrontements militaires et posa la question de la détermination des frontières fluviales en droit international.

Des négociations sur les questions frontalières se sont ouvertes, le 20 octobre 1969, sur la base d’un accord antérieur du 11 septembre qui aurait été, selon Pékin, établi entre les chefs de gouvernement Zou Enlai et Kossyguine. Cet accord, destiné à maintenir le statu quo à la frontière, devait permettre de prévenir des conflits armés et de prendre des mesures provisoires en vue de rompre le contact entre les forces armées, de part et d’autre, dans les régions contestées, et de préparer des négociations. Les chefs de gouvernement des deux pays auraient également discuté les points essentiels de ces mesures provisoires et seraient parvenus à un accord à ce sujet. Toujours selon Pékin, les Soviétiques auraient refusé par la suite d’appliquer l’accord et attaqué la partie chinoise qui en exigeait l’application. Ils auraient affirmé qu’il n’existait pas de régions contestées le long de la frontière sino-soviétique, se seraient opposés au désengagement des forces armées des deux parties dans les régions contestées, à la signature d’un accord sur le maintien du statu quo à la frontière avant le règlement de la question frontalière par voie de négociations (Beijing Information , 3 août 1981).

Les négociations se sont toutefois poursuivies avec de longues périodes d’interruption (1976-1977 et à partir de 1979). Elles ont surtout consisté en des «échanges d’opinions». Le 3 avril 1979, la Chine dénonçait le traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle sino-soviétique du 14 février 1950. Le 16 juillet 1979, un incident de frontière éclatait entre les deux pays dans la région de Tersadi (Kazakhstan oriental). En septembre 1979, les négociations étaient de nouveau interrompues. En 1980, une normalisation des relations diplomatiques, marquée par un échange d’ambassadeurs, laissait espérer une reprise du dialogue.

Toutefois, dès 1981, la polémique territoriale reprenait au sujet de la zone contestée dans le massif du Pamir. C’était l’occasion, pour les deux pays, de préciser le dossier par de nombreuses références historiques et d’y verser de nombreuses pièces, notamment des échanges de notes dites «notes de 1894» relatives à l’application du traité de Kashgar de 1884.

Relations économiques et techniques

Le commerce sino-russe a connu un grand essor jusqu’en 1959, date à laquelle les échanges avec l’U.R.S.S. représentaient 50 p. 100 du commerce extérieur de la Chine et la plaçaient en tête du camp socialiste dans ce domaine. Mais, dès 1960, survint une réduction brutale, et, en 1963, la Chine tombait au sixième rang, avec 5,6 p. 100 du volume total du commerce extérieur soviétique. Les causes de ce brusque recul se trouvent pour Moscou, dans la politique nationaliste et autarcique de Mao Zedong; pour Pékin, dans les atermoiements déraisonnables de l’U.R.S.S., qui ont freiné ces échanges.

Les moyens de communication (voie ferrée et navigation fluviale) ont également subi de graves perturbations qui opposèrent de nouveaux obstacles au commerce.

Dans le domaine scientifique et technique, l’U.R.S.S. a retiré en 1960 les mille trois cent quatre-vingt-dix spécialistes soviétiques travaillant en Chine et annulé trois cent quarante-trois contrats et deux cent cinquante-sept projets. Elle avait dénoncé, en 1959, l’accord du 15 octobre 1957 relatif à la fourniture de données techniques et de modèles pour la fabrication de bombes atomiques.

Depuis l’éclatement du conflit sino-soviétique, les deux pays ne semblent pas vouloir faire connaître à l’extérieur l’état de leurs relations économiques réciproques. Des accords commerciaux et de paiement ont toutefois été conclus chaque année, signés alternativement à Moscou une année, à Pékin l’année suivante.

Après une décennie de baisse constante (durant les années soixante), on observe une décennie plutôt positive (les années soixante-dix), puis, de nouveau, une baisse sensible du commerce entre les deux pays au début des années quatre-vingt (cf. tableau).

Ces échanges ont une structure assez typique des relations entre pays industrialisés et pays en développement. La Chine exporte vers l’U.R.S.S. des biens de consommation manufacturés, des métaux non ferreux et des matières premières agricoles. Elle importe des machines et équipements. La crise économique internationale du début des années quatre-vingt affecte les échanges entre les deux pays, d’autant plus que leurs objectifs semblent de plus en plus la recherche d’un élargissement de leur commerce respectif avec les Occidentaux.

Rivalité politique

La division du camp socialiste a conduit les deux puissances à rechercher l’accroissement de leur influence auprès des pays du Tiers Monde par l’assistance politique, économique et technique.

Dans un premier temps, elles se sont livrées à une sorte de libre concurrence, visant à montrer l’efficacité et le caractère désintéressé de leur soutien. Puis, le conflit empirant, elles ont cherché à se discréditer mutuellement. Pékin entreprit d’écarter l’U.R.S.S. des conférences du Tiers Monde en prenant pour motif qu’elle est un pays d’Europe. Moscou entreprit de montrer que, ce faisant, la Chine était raciste et voulait opposer les peuples blancs aux peuples de couleur. De part et d’autre, on dénonçait la duplicité dans les relations politiques et économiques, en affirmant que, sous couvert d’aide et d’assistance, l’indépendance était menacée.

À cette rivalité face au Tiers Monde s’est progressivement ajoutée une rivalité à l’égard des pays occidentaux, dès que les gouvernants de Moscou et de Pékin ont acquis la certitude que leur développement économique et surtout technologique passait par un développement des échanges avec l’Ouest.

Les deux diplomaties s’affrontent alors pour tenter de montrer la duplicité de l’autre tout en s’affirmant irréprochable. Divers incidents sont exploités aux fins de discréditer ou de disqualifier l’adversaire.

C’est au cours de la visite du président Nixon en Chine, en 1972, que les deux pays ont amorcé le processus de la normalisation de leurs relations à la suite de la publication à Shanghai d’un communiqué conjoint. Le 1er janvier 1979, ils ont établi officiellement des relations diplomatiques. Pendant les années qui suivirent, leurs rapports se sont considérablement développés dans les domaines politique, économique, culturel, scientifique et technologique.

Les Soviétiques voient dans ce rapprochement une volonté de la Chine de renforcer, avec l’appui de Washington, son potentiel militaire dirigé contre l’U.R.S.S. et ses alliés. L’autorisation donnée par le Département d’État, en mars 1980, de fournir à la Chine trente types de matériels de guerre (moyens de transport, hélicoptères, avions C-130, radars de détection avancée, équipements électroniques de reconnaissance) a renforcé cette analyse et provoqué une campagne de critique assez vive de la part de Moscou.

Mais c’est surtout à propos du «second monde» constitué, selon Pékin, par l’Europe occidentale, le Japon, l’Australie et le Canada que la rivalité s’est affirmée le plus vivement.

Les Chinois prennent fait et cause pour les Occidentaux dans le différend qui les oppose à l’U.R.S.S. à propos des missiles de moyenne portée en Europe. Ils dénoncent la politique de l’Union soviétique qui, après avoir déployé un grand nombre de missiles SS-20 dirigés contre l’Europe occidentale, propose de différer le déploiement de missiles du même genre (Pershing) dans le camp occidental. De la même façon, Pékin dénonce la proposition renouvelée sur l’établissement d’une zone dénucléarisée nordique, dans la mesure où la Suède et la Finlande sont deux pays neutres n’ayant pas d’armes nucléaires. La Norvège et le Danemark, membres de l’O.T.A.N., sont eux aussi des pays sans armes nucléaires. L’Union soviétique, quant à elle, a stocké une énorme quantité d’armes nucléaires sur la péninsule de Kola, près de ces quatre pays, et a transformé la région de la mer Baltique en arsenal nucléaire. Les Chinois accusent ouvertement l’U.R.S.S. d’essayer tous les moyens concevables pour attiser les courants d’idées pacifistes et neutralistes dans les pays ouest-européens, afin qu’ils entravent le déploiement militaire défensif en Europe occidentale.

En 1971, la Chine s’associe avec vigueur à la condamnation et à la protestation internationale contre la pénétration d’un sous-marin soviétique, porteur d’armes nucléaires, dans les eaux territoriales de la Suède où il s’est échoué. Cette violation de la souveraineté suédoise, accomplie au mépris des principes de droit international universellement établis, constitue, pour les Chinois, un exemple significatif du danger que fait courir à l’Europe la politique des pacifistes face au «social-impérialisme». Selon eux, la troisième guerre mondiale devrait avoir lieu dans cette région. La prévenir exige du «second monde» et du Tiers Monde une union à laquelle la Chine se déclare prête, si tant est que l’un et l’autre aient pris leurs distances à l’égard de l’U.R.S.S.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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